Le plan Wahlen à Ecuvillens-Posieux (1ère partie)

Introduction 15 novembre 1940. La Suisse est depuis quelques mois presque totalement encerclée par les forces de l’Axe (Allemagne et Italie) et redoute une coupure de ses importations. La production indigène ne satisfait que 52% des besoins alimentaires de la population suisse et la faim est perçue comme une sérieuse menace. La Société suisse des agriculteurs écoute alors, à Zürich, une conférence donnée par un fonctionnaire de l’administration fédérale et ingénieur agronome du nom de Friedrich Traugott Wahlen. Celui-ci leur fait part d’un programme qui devrait permettre au pays d’assurer son approvisionnement en denrées alimentaires si celles-ci ne pouvaient plus être acheminées de l’extérieur. Pour pouvoir parer au pire, les cultures devraient plus que doubler ! Le Conseil fédéral finit par adopter ce plan qui prendra le nom de son créateur. Si les paysans sont particulièrement sollicités, la Confédération va progressivement impliquer l’ensemble de la population dans la réalisation du plan Wahlen, censé permettre au pays de subvenir seul à ses besoins alimentaires. Mais qu’en est-il à Fribourg ? Le canton de Fribourg compte alors, avec le Valais, la plus importante proportion de population agricole en comparaison inter-cantonale. A cette date, 62000 Fribourgeois, soit un peu plus de 40% de la population totale du canton, travaillent dans l’agriculture.
L’annonce du plan Wahlen Présenté par son auteur lui-même, le plan donne 4 obligations : 1. Gérer avec parcimonie les réserves et les matières premières à disposition ; 2. Recourir à toutes les matières premières à disposition, même celles qui n’ont jamais été exploitées, et récupérer les produits usagés ; 3. Utiliser tous les moyens matériels de production là où ils ont un rendement maximum ; 4. Organiser l’utilisation et la répartition de la main-d’œuvre. Wahlen développe un concept d’utilisation optimale du sol. Il estime alors très précisément à 504812 ha la surface de terre à mettre en culture afin de pouvoir permettre l’approvisionnement des 4,2 millions de Suisses de l’époque. Ce qui signifierait, pour le canton de Fribourg, de porter la surface des terres cultivées à près de 38000ha. En d’autres termes, le pays, qui compte environ 200000 ha de terres ouvertes en 1939, doit plus que doubler ses cultures au détriment de la production animale et en particulier de bétail bovin et porcin. La surface agricole du pays serait ainsi composée de 45% de terres ouvertes et de 55% de pâturages.
Malgré quelques réticences, le plan Wahlen sera bien accepté dans son ensemble à cause du climat de peur, voire de panique dans lequel est plongée la Suisse à partir de mai 1940. (suite dans l’édition no 19 de la Hauterive Info d’octobre 2022) Sources : Samuel Gendre « Aux champs : Fribourg face au plan Wahlen 1941-1945 » tiré du travail de master de l’auteur. Société d’Histoire du canton de Fribourg 2013 : SHCF et Samuel Gendre

Source: Hauterive Info no 18 septembre 2022 - Auteur: René Gendre